«NELSON MANDELA : THE MYTH & ME» DE KHALO MATABANE 14 décembre 2014

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Comment accepter la réconciliation sans justice

Dédié à Nelson Mandela, en tant que mythe constructeur de l’après-Apartheid, et à son héritage dans un pays encore miné par les inégalités, le documentaire « Nelson Mandela : the myth & me » (Nelson Mandel : le mythe et moi) du réalisateur sud-africain Khalo Matabane a été projeté au public dimanche 14 décembre.

D’une durée de 87 minutes, ce documentaire a été projeté en compétition officielle de la section documentaire du 5e Festival international du cinéma d’Alger (FICA) dédié au film engagé, qui se tient à la salle El Mouggar à Alger depuis vendredi.

Au-delà du mythe construit autour de Nelson Mandela quelques années avant sa libération par l’ANC, le réalisateur, fervent admirateur de Madiba provoque le débat sur l’héritage de Nelson Mandela et son choix du passage de la lutte armée à la politique de réconciliation.

Prenant pour point de départ le symbole de la lutte contre l’Apartheid salué par les dirigeants du monde entier à sa mort en décembre 2013, le réalisateur revient sur le parcours intriguant d’un combattant qui trouvait le moyen et la force de pardonner pour passer à autre chose et faire taire la violence dans un pays à l’avenir incertain à cette époque.

Seulement, le débat de cette oeuvre tourne autour d’une position qui veut que cette propension de pardonner, sans passer par la violence et sans réparation pourrait avoir fait plus de mal que de bien aux générations actuelles qui connaissent toujours autant d’inégalités même si les causes directes sont aujourd’hui différentes.

En faisant témoigner des militants des droits de l’homme et de la société civile sur le processus entamé par Nelson Mandela, Khalo Matabane donne la parole à des intellectuels sud-africains relativement déçus par la réconciliation sans dédommagement ni justice.

Majoritairement jeunes, ces activistes et militants réclament encore des procès de justice ou même une évaluation des richesses spoliées à l’Afrique du Sud, afin d’obtenir des réparations et pouvoir achever cette réconciliation.

En même temps, de hauts responsables, des écrivains et des analystes témoins de l’époque, à l’image du juge sud-africain Albie Sachs, l’écrivain nigérian Wole Soyinka, le secrétaire d’Etat américain  Collin Powell ou le Dalaï-lama ont également pris la parole dans ce film pour témoigner de l’impossibilité de réparer les torts ou de faire autrement à cette époque tout en admirant l’absence de violence et de haine dans le discours et la politique de Nelson Mandela.

Mené comme une lettre d’un réalisateur à Mandela ce documentaire questionne sur la manière d’accepter la glorification d’une réconciliation alors que les bourreaux n’ont aucun remords et que les inégalités persistent.