« L’honnêteté doit primer dans tout reportage et documentaire »
Dans la matinée du 5 décembre 2018, le réalisateur et scénariste franco-suisse André Gazut est venu parler de son métier au Fica en ne manquant pas de donner de précieux conseils aux jeunes réalisateurs et cinéastes algériens de demain.
Reporter-photographe à l’âge 18 ans, infirmier parachutiste à 20 ans en Algérie, André Gazut entre en 1960 à la Télévision suisse romande. Il a été le caméra man du documentaire Le Chagrin et la pitié de Marcel Ophüls en 1969. Il réalise « Un destin : général de Bolladiée » en 1994 et « Les apprentis sorciers » en 1996. Il est également l’auteur de nombreux reportages pour le magazine suisse Temps présent. En 2002, il signe un poignant documentaire « Pacification en Algérie » dénonçant la pratique de la torture par l’armée française pendant la guerre d’Algérie.
André Gazut conseille de limiter le commentaire pour montrer une situation donnée. En sa qualité de réalisateur André Gazut a toujours essayé de travailler le plus possible pour avoir des images témoignages et non pas des images prétextes. Il est extrêmement important d’avoir une équipe soudée. Il faut que les cameramen soit en parfaite osmose avec le réalisateur.
Selon lui, un reportage se fait sur un événement ou sur une personne alors qu’un documentaire se fait à partir d’une chose avec un regard personnel. Dans le reportage, André Gazut est le dernier à croire à l’objectivité. Car comme il le précise si bien « Nous sommes tous le produit de notre culture et de notre âge ». L’ ’honnêteté et la sensibilité sont deux paramètres importants pour tout journaliste.
Quand on construit un documentaire ou un reportage, il ne faut pas écraser du commentaire les reportages. Il faut le distinguer en fait. Quand on réalisé un reportage, il faut se poser une série de questions dont entre autres : Qu’est ce qui est à montrer par l’image ? Qu’est ce qui est à dire par l’image ? Qu’est- ce qui est à dire par l’interview ? Et qu’est ce qui est à dire le commentaire ? Selon le réalisateur, il faut privilégier l’image et se dire qu’il y a des choses qui ne peuvent pas apparaitre dans l’image. C’est par l’interview qu’il faut le dire. Quand un potentiel intéressé se lance dans un documentaire ou encore dans un reportage, il faut qu’il connaisse bien son sujet. Ce dernier est très important.
Toujours selon le réalisateur André Gazut pour ceux qui développent un travail de reportage ou de documentaire, c’est une chance inouïe de vivre notre monde, d’y réfléchir et de faire réfléchir les autres. Et d’essayer d’être le plus honnête possible. L’honnêteté dans ce travail, c’est de dire tout car quand on est empêché de dire quelque chose, ce n’est plus de l’information, de la mémoire.
Un cameraman doit vivre avec sa camera car il y a des images qui arrivent sans qu’on le sache. Il faut une vigilance intellectuelle au quotidien.