Focus sur les frères-ennemis

Pour le dernier jour du 4^e FICA, c’est le documentaire « Président Dia » du réalisateur sénégalais Ousmane William Mbaye qui a clos la compétition officielle section documentaires. D’une durée de 54 minutes, ce documentaire nous plonge au cœur de la profonde crise qu’a connue le Sénégal en 1962, lorsque le président Senghor jette en prison Mamadou Dia, président du Conseil de la République du Sénégal à cause de leurs divergences politiques. 1945, Léopold Sédar Senghor, tête de file de la jeune génération en quête d’émancipation, vient chercher Mamadou Dia, instituteur engagé dans la lutte contre la domination coloniale, et le persuade de le rejoindre au sein de son mouvement politique. 

Les deux hommes deviennent, par la suite, inséparables. Ils franchissent ensemble toutes les étapes déterminantes qui mèneront le Sénégal de l’autonomie interne, à la fédération du Mali et enfin à l’Indépendance en 1960. Senghor devient président de la République, Mamadou Dia est alors nommé président du Conseil des ministres. Cependant, cette entente ne s’éternise pas entre les deux hommes. Le duo fait face à des tensions, à leurs politiques divergentes. Senghor se montre alors très proche de la France tandis que Dia tente d’éradiquer le système économique hérité des colons. Le réalisateur Ousmane William Mbaye a voulu, à travers ce documentaire éclairer le grand public sur les raisons d’un conflit qui a plongé le Sénégal dans les ténèbres.

A travers, des images d’archives, des témoignages inédits comme celui de Mamadou Dia, le réalisateur offre ainsi un solide documentaire fruit d’un minutieux travail de recherches. Des témoignages qui « remettent les points sur les i » sur une vérité méconnue et occultée. Ce travail est très « intimiste » vu que le réalisateur a été impliqué de près dans ces évènements. Un drame familial qui l’a beaucoup marqué. « Président Dia » se veut une réhabilitation d’un passé qui n’a pas cessé de hanter le réalisateur. Il vient de mettre au grand jour la vérité. Un pan de l’histoire du Sénégal a été corrigé, pour que les générations futures sachent d’une part et pour que nul n’oublie, d’autre part.